Luster, le son éthéré de Maria Somerville

Maria Somerville - Luster / 4AD / 2025

@Cait Fahey

Pour son premier album chez 4AD, Maria Somerville se nourrit de sa région natale du Connemara pour délivrer un son dreamy et éthéré au possible.

Aujourd’hui j’ai envie de vous parler d’un très bel album que vient de sortir l’artiste irlandaise Maria Sommerville. Les lecteurs réguliers connaissent déjà le style de la maison mais je fais ce petit disclaimer pour re-préciser qu’ici j’écris sur la musique certes, mais c’est aussi et surtout un prétexte pour vous raconter ma life sous couvert d’écriture “gonzo”. Cela dit, il se présente parfois des occasions pour lesquelles la digression est OBLIGATOIRE. Vous allez vite comprendre où je veux en venir. 

Maria Sommerville donc, que je connaissais pas du tout avant le Samedi 26 Avril et ma balade musicale de la pause déj (et oui, j’ai 700 ans j’ai des routines comme ça) vient de sortir Luster, son deuxième album, et le premier qu’elle produit pour la très prestigieuse maison 4AD. Je lance donc mon écoute en m’attendant à quelque chose de dreamy et reposant pour ma petite balade. Ensuite, tout va très vite.

Reconstitution : OMG c’est sublime ce que j’écoute là ! Olala, ça continue en fait ! Non c’est trop beau … elle passe à Paris prochainement ? QUOI ? CE SOIR ? Attend quoi y a une soirée organisée par le label 4AD à Paris CE SOIR et je suis pas au courant ???

S'ensuit donc ladite soirée, de pure beauté, avec notamment la présence de la fabuleuse Jenny Hval sur scène, pour un des plus beaux moments de musique de mon année so far, suivie de Maria Sommerville. L’atmosphère était sombre, Les basses étaient supra deep, on enchaînait plage sur plage de vibrations et de reverb, pour un son qui sonne clairement plus noisy sur scène que dans les versions studio. J’ai même pas vu son visage de tout le concert, la lumière était dans son dos, donc elle apparaissait comme une figure complètement noire, une forme au milieu de la lumière blanche et de la fumée. Bref, un super moment, c’est assez répétitif comme musique, mais une fois dedans impossible d’en sortir. 

Je voulais déjà consacrer une chronique dès ma première écoute de l’album, mais alors après ça encore plus, vous imaginez bien. Je fais 2-3 recherches, avec l’aide de Gemini (qui, il faut le dire, met une vitesse à chatGPT). Maria Sommerville est Irlandaise, du comté de Galway pour être précis. Et vous savez ce qu’il y a dans le comté de Galway ? Il y a tout simplement la région du Connemara. Je suis évidemment obligé de consacrer une petite partie de cette chronique à ça, l’occasion est trop belle et je vois pas se profiler d’autres instances où je pourrais faire le pont avec le mot Connemara, à part si je dédie un article entier à la chanson de Sardou (ce que je ne ferai évidemment pas vous vous doutez bien). D’ailleurs parlons-en de Sardou. Sa chanson, au-delà de me rendre absolument dingue et violent, lui a quand même donné accès à un statut assez privilégié. Alors oui, il a la légion d’honneur (comme l’a eu Bachar al-Assad fut un temps n’oublions pas), il a aussi été décoré de l’ordre du mérite en 2024, mais surtout, il est citoyen d’honneur du Connemara depuis 2011. Stylé non ? Et cet enculé il a jamais mis les pieds en Irlande, en tout cas si l’on se fie à Wikipédia, et moi je veux y croire. 

Bref. Si on oublie Sardou, on peut constater qu’effectivement, le Connemara est une région magnifique. Regardez-moi ça si c’est pas beau, y a plein de petites péninsules, des grandes étendues vertes, on y élève des moutons, et ils ont même leur propre race de Poney ! Et si je parle de ça, c’est car la musique de Maria Sommervile est directement imprégnée de ces paysages, de l’atmosphère qui y règne, de la tradition locale. Son premier album All My People sorti en 2019 explorait déjà ces racines là. Il en est de même pour Luster, qui prend naissance dans cette même région et ces mêmes atmosphères. Pas étonnant du tout donc, de voir une artiste comme elle signer chez 4AD. La maison mère des cocteau twins a toujours mis en avant via ses artistes un son dreamy, éthéré, auquel Maria Sommervile rend hommage et fait évoluer par sa propre musique. 

L’écoute de l’album se fait de manière totalement ininterrompue. Dès le premier titre, on est plongé dans un univers sonore très deep, vaporeux et éthéré. Les percussions sont minimalistes au possible, très peu métalliques, la guitare est dépouillée pour ne laisser transparaître que les effets de fuzz et de reverb, comme si elle était jouée derrière un voile. D’ailleurs, si je devais faire une analogie, c’est comme si le son sortait du brouillard, mais pas un brouillard flippant, plus de la vapeur en fait, comme si un voile adoucissait tous les sons, c’est très beau. Comme si on prenait toute l’énergie de la musique shoegaze, son grain et ses nappes de guitares, et qu’on n’en gardait que les traces, un peu comme le faisait burial sur son EP Antidawn en dépouillant le son des raves. La basse est d’ailleurs bien présente, elle apporte une assise super “deep” au son ambiant des nappes de fuzz. 

Même si quelques titres comme Projections, Garden ou encore Violet sont plus accentués sur le rythme, le reste est super planant, les nappes s’enchaînent et la voix de Maria se fond dans l’écho général produit par le son de la guitare. Sa voix plane au-dessus des nappes de fuzz, toute douce et mystérieuse, et crée un son ultra sensoriel et calme, réconfortant. C’est pour ça que j’étais pas mal étonné de voir que le son était carrément plus bruyant sur scène, mais j’imagine que pour jouer ce genre de musique live dans une salle il faut envoyer du jus, du coup ça sonnait clairement plus shoegaze en live, ce qui n’est pas pour me déplaire. 

Il faut lâcher prise et s’immerger dans le son de Luster. Alors vous allez pas vous ambiancer dessus, c’est destiné à une écoute cosy, solitaire, ou alors vraiment avec un bon petit setup au chaud à la maison, mais vous allez passer un très beau moment j’en ai aucun doute. Des nappes éthérées en veux-tu en voilà. Cet album est un petit câlin sensoriel qui fait beaucoup de bien en ces temps tout moches.

Je vous recommande vivement d’écouter ce que fait Maria Sommerville, branchez-vous maintenant vous risquez de la voir plus souvent.

Vous pouvez également aussi écouter Luster sur toutes les plateformes, dont Spotify, Apple Music, Deezer et Qobuz

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